Casoar, Coco et Coraux

L’idée d’effectuer nos dernières bornes australiennes sur la côte est, réputée pour sa célèbre barrière de Corail, visible du ciel depuis les satellites nous ravit. Mais après trois jours de route, nous sommes une fois encore désabusés par les propos de l’affreux guide touristique Lonely Planet, vantant cette partie de route comme étant « très appréciée des camper-vans ». La route est linéaire, les paysages mornes, la côte éloignée,… Nous décidons de nous arrêter le moins possible pour atteindre au plus tôt Cairns et envisager d’y profiter pleinement du soleil.

Robinson à Mission Beach

Après deux jours de route, nous prenons tout de même le temps de nous arrêter à Townsville pour une petite balade sur le port qui nous offrira une rencontre inopinée avec une tortue de mer. Puis, nous profitons de son centre-ville pour nous renseigner davantage sur les tours organisés sur la barrière de Corail. Le lendemain, nous débarquons sur Mission Beach. Las des kilomètres, nous décidons d’explorer la plage et d’arrêter le temps en parcourant l’horizon. Nous nous amusons à chahuter avec les mini-crabes joueurs de billes, admirons les vagues, prenons un bain de soleil,…

A nos pieds des dizaines de noix de coco semblent nous appeler. Mlle Cartensac ne résiste pas longtemps à ses doux souvenirs asiatiques et se baisse pour en ramasser une. Mr Routenvrac sort alors son couteau Suisse et entreprend de jouer au Robinson. Même séchée par le soleil et la coque en décomposition, on peine à croire à quel point la noix est costaude. Il nous faut sortir la scie pour en venir à bout. Après de longues minutes de travail, nous pouvons enfin sentir l’odeur du lait frais. En voilà un bon dessert pour les jours à venir ! Allez, en route !

Recherche Casoar

L’animal est en voie d’extinction. Mais à en croire tous ces panneaux, il y a des casoars à chaque intersection dans la région. Un émeu à l’apparence hippie grunch gothique, nous sommes impressionnés avant même de le rencontrer. A l’affût, nous jetons des regards à travers la forêt, espérant que l’un d’entre eux se risquera à approcher le bord de route. « Je crois que si on veut en voir, il va falloir la jouer fine » annonce Mr Routenvrac en se garant à l’entrée d’un site de randonnée. « Alors allons-y » s’exclame Mlle Cartensac, prête à traquer l’animal. Une première randonnée infructueuse nous offrira quelques jolies vues et la rencontre avec une menthe religieuse.

« Tu as vraiment l’œil perçant » reconnaît Mlle Cartensac en admirant l’insecte, imperceptible dans son milieu naturel, immobile. Une deuxième randonnée nous offrira toute une collection de crottes du dit l’animal ! Il faut dire que ce ne sont pas n’importe quelles crottes ! Le casoar mange toutes sortes de graines qui, semées par ses excréments, repoussent un peu partout, permettant ainsi à certaines plantes, dont il est le seul à pouvoir manger les graines, de survivre. Tel des inspecteurs, nous scrutons donc de près les seules preuves de son existence et devrons nous en contenter, malgré notre persévérance, notre flaire et notre bonne volonté ! « Tu parles, il a tout l’air d’un dahu, ce casoar » ronchonne Mlle Cartensac alors que nous n’avons d’autre choix que d’abandonner  nos recherches.

Des kiwis dans un figuier

Après une journée à nous promener dans le parc, nous reprenons la route de Cairns. Sur le chemin, nous nous arrêtons pour admirer un figuier si énorme qu’il est possible d’y entrer. Alors que nous en faisons le tour, nous observons deux petits kiwis en pleine escalade. C’est ainsi que nous faisons la connaissance d’Agathe et Martin et de leurs parents Eddy et Isabelle. Après avoir vécu neuf mois à travers la Nouvelle-Zélande, ils profitent de leurs vacances en Australie. Nous partageons avec eux leur expérience, les enfants ravis de pouvoir raconter à quel point l’école néo-zélandaise est différente. « Ils jouent tout le temps ! » ne cesse de répéter Martin. Finalement, nous avons tellement de choses à nous raconter, eux de conseils à nous donner, Mlle Cartensac de jeux à partager, que nous nous installons tous les six à dîner dans leur camping-car et décidons les uns comme les autres de passer la nuit sur place.

20.000 lieux dans les coraux

Ce dimanche 17 juin, c’est donc à 5h que nous devons nous tirer de notre torpeur. Une heure de route et nous voilà de retour à Cairns. Un café englouti et nous regagnons le port où notre ferry nous attend. Pour conclure l’Australie en beauté, nous avons choisi de sortir le grand jeu et nous sommes offerts une croisière pour la journée. Alors évidemment, nous bénéficions du grand service : thé et muffins pour le petit déjeuner, buffet pour le déjeuner, tea-time avant de rentrer ! Passé le plaisir des papilles, attaquons le plaisir des yeux. Cinq heures sur la grande barrière de Corail, libres de descendre et de monter du bateau à notre convenance, palmes aux pieds, masques et tubas collés sur la face, nous barbotons de bonheur. L’appareil photo emboité dans le caisson étanche, Mr Routenvrac saisit les mille et une couleurs des fonds marins, Mlle Cartensac toujours prête à faire une pirouette devant l’écran.

« Aïe !!! » Voilà ce qu’elle aurait crié sans toute cette eau autour d’elle. Voilà une pirouette de trop. Le corail, ça coupe… « Tu peux m’expliquer ce que tu as voulu faire là ? » se fâche Mr Routenvrac. « C’est malin… Y’a plus qu’à retourner au bateau… » L’entaille n’est pas profonde. Le guide félicitera même Mlle Cartensac : « Avec un peu de chance, avec ça, vous verrez des requins ! » – « Tu vois, c’est plutôt cool… » tente Mlle Cartensac auprès de Mr Routenvrac, avant de retourner dans l’eau.

En fin de journée, nous observerons avec un étonnement toujours aussi grand, les nombreux touristes s’agglutiner devant les photos, pour certaines absolument horribles et sans couleur, du photographe professionnel attitré ! 18$ la photo, 58$ le CD de 5 photos gravées… Un prix accepté par la majorité de ces vacanciers comme un souvenir de vacances ! « Ils m’auraient demandé, je les aurais pris en photo, moi… Je leur aurais fait un prix ! » s’amuse Mr Routenvrac.

Des lunettes en travers de la Gorge

Heureux de notre escapade marine, nous décidons de passer les deux jours qu’il nous reste à bourlinguer vers le nord. Nous passons une nuit dans un camping situé au milieu du paisible parc Daintree. Mr Routenvrac, comme à son habitude, se lève de bonne heure et cane à pêche à la main, court en direction du ponton du camping, tandis que Mlle Cartensac décide de s’octroyer une petite grasse matinée. « Je t’ai appelé, mais tu étais déjà partie à la douche » explique Mr Routenvrac. « Tu en as attrapé un ? » demande Mlle Cartensac. « On va manger du poisson !!! » – « Ben non, je l’ai relâché, il n’était pas assez gros » ricane Mr Routenvrac en dévoilant tout de même cette fois-ci le cliché. Un beau morceau tout de même !

Nous continuons en direction des nombreuses gorges et cascades pour nous rafraîchir. Allez, une dernière petite blague, Mlle Cartensac ?

« C’est pas vrai… » soupire Mlle Cartensac, à cheval entre deux rochers, sur les traces de Mr Routenvrac. – « Qu’est-ce qu’il y a ? » demande Mr Routenvrac. « Mes lunettes de soleil… Elles sont tombées dans l’eau… » L’eau concernée est froide, très froide. Mlle Cartensac tente dans un premier temps de plonger le bras, puis les jambes. Cela ne suffira pas, il lui faudra les lunettes de piscine de Mr Routenvrac et y plonger jusqu’au cou. « Avec le courant, elles peuvent être n’importe où » grogne Mr Routenvrac. Un dernier espoir saisit Mlle Cartensac, une dernière tentative et… « Bingo ! » ose-t-elle crier avec fierté en sortant la tête de l’eau, un sourire jusqu’aux oreilles. « Dépêche-toi de sortir de l’eau  où tu vas attraper la crève » sourit Mr Routenvrac en lui tendant une serviette.

« Mercredi 20 juin 2012 » peut-on lire sur nos billets d’avion électronique. C’est donc bien vrai. Aujourd’hui, nous nous envolons pour la Nouvelle-Zélande. Il va falloir nous séparer de notre fidèle compagnon et destrier, le Breezer de chez Backpacker. Nous regardons l’agent en faire le tour, constater que nous ne l’avons ni égratigné ni tagué. Adieu Backpacker, merci pour ce bout de chemin (9000 km en passant) !

Nous parcourons les 4 km qui nous séparent de l’aéroport, presque satisfaits de retrouver la difficulté de la marche, les gros sacs sur le dos. Alors que l’avion décolle, nous contemplons une dernière fois la Mer de Corail se profiler sous nos ailes. Une correspondance à Brisbane nous offre le goût d’un deuxième décollage, le dernier cette fois-ci. En route pour le pays des Kiwis !

Retrouvez les petits et gros poissons dans l’album complet ici !

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