Normandie – Niemen

Nous parcourons la Russie depuis maintenant 20 jours. Nous avons découvert progressivement l’attachement de la Russie à la France.

  • De par l’histoire, où Napoléon a laissé son empreinte,
  • De par la littérature. Les russes sont friands de la littérature française, en particulier des trois mousquetaires de Dumas, mais aussi d’Emile Zola, Voltaire, Baudelaire, La Fontaine,… De plus, il est très fréquent de trouver un mot, une expression, une citation française dans des livres russes.
  • Enfin, aujourd’hui, de par la présence des enseignes de magasins telles qu’Yves Rocher, Leroy Merlin et Auchan, au sein même de toutes les grandes villes.

Ce samedi 11 novembre, nous nous apprêtons à découvrir l’une des fondations de la relation franco-russe au sein d’une école française de Novossibirsk.

Lorsque nous arrivons à l’école, accompagnés par Semeon, notre hôte couchsurfing, on chuchote partout dans les couloirs : « il y a des français à l’école… » Un professeur vient même s’assurer que la rumeur est bien fondée. Nous sommes accueillis tel que Semeon nous l’avait prédit : avec joie et enthousiasme.

Mme Dmitrieva, enseignante au sein de l’établissement depuis plus de 40 ans, nous accueille dans sa classe et s’adresse solennellement à ses élèves : « Faites silence maintenant pour écouter ces deux voyageurs français qui ont des choses intéressantes à vous dire. » Nous interrompons un cours dédié à l’écriture des SMS « Texto ». C’est assez amusant de s’imaginer le professeur en train d’apprendre aux jeunes russes à lire des messages pleins de fautes de nos jeunes français. Elle nous explique : « Nous organisons un séjour en France en fin d’année, avec une classe de la Roche. Je souhaite qu’ils soient à l’aise dans leur communication ». Pour certains, le français n’est qu’une obligation, un choix par défaut ou une décision parentale, leur ouvrant les portes de cette prestigieuse école. Pour d’autres c’est un réel atout. Si notre voyage semble les intéresser, l’outil Cartensac aussitôt sorti de son étui, se fait de nouveaux amis. Les jeunes russes n’ont pas l’habitude de jouer mais leur comportement face au jeu est le même que celui des jeunes français et l’excitation prend vite le dessus. Lorsque la cloche sonne, quelques étudiants fuient rapidement la salle de cours tandis que d’autres en veulent davantage.

Marie, Margot et Valentin ont tout leur temps et nous proposent de nous faire visiter le parc de l’école et son musée de l’amitié franco-russe. Désireux de discuter avec nous mais gênés par la difficulté de notre langue, ils se montrent tout à la fois enchantés et impatients, sérieux et joviaux. Nous parlons lentement, basculant de temps en temps sur l’anglais pour leur faciliter la compréhension. Complices, ils se permettent, un peu gênés toutefois, des questions sommes toutes essentielles à leur âge. « Vous êtes en couple ? » ose demander Marie. « C’est cher un voyage comme ça ? » ; Margot ne sait pas trop si sa question n’est pas déplacée. Nous les rassurons : « C’est normal que vous vous intéressiez à cela. » Leur excitation et leur envie de bien faire sont touchantes. Nous nous installons un instant à la cafétéria de l’école, attendant un feu vert pour pouvoir entrer au musée de l’école. « On fait un petit jeu ? »

Nathalie, responsable du musée nous fait entrer et ferme la porte derrière nous. Fièrement, elle nous fait découvrir l’exposition sur le « Normandie – Niemen », nous raconte avec passion l’histoire de ces soldats français et russes ayant combattu ensemble, et nous dévoile ses objets les plus précieux. « Nos élèves nous apportent toujours toutes sortes de choses fascinantes » dit-elle en nous présentant une très vieille paire de lunettes. Nous comprenons que le socle de l’école se trouve ici. On y parle d’alliance, d’amitié, de fraternité, et même d’amour, saluant les couples franco-russe comme une preuve authentique d’un passé commun. Nous visitons avec beaucoup d’intérêt le musée et ses nombreux trésors (costumes d’officiers, draps d’époque, ustensiles de mesure,…). Les trois jeunes trépignent d’impatience de nous récupérer pour eux, appareils photos à la main. Après une brève présentation à un second groupe d’étudiants ayant cours au musée, nous les retrouvons dehors.

A l’arrêt de bus, les filles font la moue, déçues de nous quitter si tôt. Au moment où nous montons dans le bus, Valentin nous envoie « I hope, you’ll be back ! » attendant presque une réponse. « On vous attend en France ! » lui répond Mr Routenvrac juste avant que les portes ne se referment.

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